C’est devant un public nombreux et captivé que Gérard Degoutte, l’hydraulicien, et Georges Olivari, l’hydrobiologiste, ont présenté leurs conférences passionnantes.
Ils ont appuyé leurs exposés sur des diaporamas (1) d’une grande pédagogie, expurgés de toute note de calculs et équation, mais parfaitement illustrés pour aider à comprendre les processus de formation et de fonctionnement des cours d’eau, depuis les torrents jusqu’aux estuaires.
Plusieurs enseignements importants se sont dégagés de leurs présentations :
L’exposé de Gérard Degoutte nous a appris que les cours d’eau sont des milieux vivants qui adoptent des formes et des stratégies qui leur permettent d’évacuer les débits liquides et solides. Quand l’homme modifie cet équilibre, en creusant le lit, en aménageant des ponts ou des barrages, le cours d’eau va patiemment compenser à l’amont ou à l’aval pour retrouver sa capacité d’évacuation des débits liquides et solides. Des prélèvements de graviers par exemple pourront entraîner un abaissement du fond du lit du cours d’eau avec des conséquences néfastes : abaissement de la nappe d’accompagnement, exhaussement et destruction de fondations de ponts… Cela ne signifie pas que l’homme doive s’interdire tout aménagement sur les cours d’eau, mais qu’il doit bien en évaluer les conséquences afin de les prendre en compte dans ses choix.
Dans sa conférence sur les cours d’eau méditerranéens et les inondations, Georges Olivari a démonté de nombreuses idées reçues. Il a certes confirmé que l’urbanisation et l’imperméabilisation des sols constituaient des phénomènes aggravant le ruissellement et la propagation des crues. Mais sur un bassin versant comme celui de la Giscle où l’urbanisation n’occupe que 2,1% du territoire, l’agriculture un peu plus de 10% et la forêt plus de 87%, cela n’a pas empêché la survenance d’importantes inondations à répétition. Quand des phénomènes de pluie majeurs se produisent, avec plusieurs centaines de millimètres en quelques heures et pendant plusieurs jours, les sols naturels saturés deviennent eux-mêmes imperméables et l’eau ruisselle à grands débits, y compris en milieux forestiers et naturels. L’eau envahit rapidement les lits majeurs de rivières dans lesquels se sont souvent développés des zones d’activités ou d’habitation. « La conséquence majeure de l’urbanisation n’est donc probablement pas l’augmentation de l’aléa (l’augmentation des ruissellements) mais plutôt l’augmentation de la vulnérabilité (occupation d’espaces potentiellement exposés) ». Là encore, il ne s’agit pas d’interdire toute activité dans les lits majeurs des cours d’eau, mais de bien en apprécier le risque. Face aux limites, quand ce n’est pas aux effets néfastes, de certains ouvrages (bassins écréteurs, digues…) Il importe de développer une véritable culture du risque, dans le cadre d’un partenariat entre les élus et les citoyens.
En conclusion, dans un contexte de changement climatique, il a été rappelé avec beaucoup de sagesse que si nous devions nous adapter aux débordements d’eau, nous devions également rester attentifs à ses manques avec des épisodes de sécheresse, comme celui de 2003 à 2007, qui se reproduiront surement.
Le prochain rendez-vous sur la Place Publique aura lieu le 18 mars au même endroit sur le thème « UN AUTRE MONDE SOLIDAIRE EST POSSIBLE » avec la présentation de l’expérience du village Emmaüs de Pau-Lescar.
(1) Les diaporamas des conférences et la revue de presse sont joints en annexe du présent billet.
Images et Pdf complémentaires :
– confa-rence-ga-rard-degoutte-pdf.pdf
– confa-rence-georges-olivari-pdf.pdf
– article-vm-21-02-2015-pdf.pdf