Voici un retour en images du vernissage de l’exposition du Crayon dont Place Publique était partenaire ainsi que le message délivré par son président à cette occasion.
Retour en images expo« Un grand bravo à Alexandre et son association Le Crayon d’avoir réussi à mobiliser un aussi grand nombre de dessinateurs du monde entier autour d’un sujet d’une actualité brûlante, comme en témoigne la tragédie vécue par les ukrainiens aujourd’hui.
Je le remercie de donner la parole au fils d’un des nombreux républicains espagnols qui ont trouvé refuge en France en 1939. Mais je suis certain que beaucoup de personnes présentes ici ce soir pourraient témoigner d’une histoire de famille similaire, celle d’un parent, d’un grand parent, d’un arrière ou arrière-arrière grand parent chassé de son pays par la guerre, la dictature, la misère, le changement climatique….
Il est important de ne pas oublier nos histoires personnelles. Important aussi de ne pas oublier que l’Histoire de l’Humanité se conjugue avec celle des déplacements de populations.
Ce travail de mémoire nous invite à aborder la question des migrants, d’où qu’ils viennent, avec humanité, comme vous le faites ce soir à l’occasion de cette riche exposition.
A travers l’histoire de mon père qu’il a consignée dans des mémoires, je voudrais juste revenir sur quelques-unes des fausses idées qui refont surface à chacune des vagues migratoires.
Une de celles qui a la peau la plus dure, c’est celle selon laquelle les migrants viendraient « manger le pain des français ». A peine sorti du camp de concentration d’Argelès, mon père a accepté un travail manuel dans une entreprise qui manquait de bras. Il a participé aux actions de la résistance, a épousé une femme française avec laquelle il a eu trois enfants. Il a ensuite fait une belle carrière dans son domaine de spécialité, la comptabilité. Loin d’avoir mangé le pain des français, il a pris sa part dans la production de richesses de notre pays, tant sur le plan économique que démographique.
Une autre fausse idée fréquemment colportée, c’est que les migrants viendraient pour s’installer définitivement chez nous et profiter de notre système social. Demandez aux familles ukrainiennes présentes ici ce soir. La plupart d’entre elles aspirent à retourner dans leur pays dès que cela sera possible pour y retrouver un mari, un père, une famille.
Mon père et la grande majorité des réfugiés espagnols voulaient eux aussi rentrer au plus vite dans leur pays. Leur espoir que Franco soit destitué après la défaite de ses soutiens Hitler et Mussolini a été balayé. En octobre 1944, ils ont essayé de conquérir un bout de territoire espagnol au Val d’Aran pour y installer un gouvernement républicain provisoire. Ce fut un échec.
Interdit de séjour dans son propre pays par le régime de Franco, mon père a malgré tout réussi à rendre visite à sa famille espagnole en utilisant des faux papiers. Même si je n’étais qu’un enfant, je me souviens très bien de plusieurs passages de la frontière du Perthus où nous avions, ma sœur, mon frère et moi, la consigne absolue de ne jamais prononcer le mot « papa ».
Mon père a réalisé son rêve de retour après sa retraite, en s’installant dans la commune où il était né et où il a paisiblement fini sa vie.
De l’histoire de mon père et celle de ma mère, j’ai hérité les valeurs qui guident mon engagement au sein de l’association Place Publique. Un fils de réfugié ne peut pas rester insensible au sort d’autres réfugiés. Un fils de républicain ne peut pas rester sans rien faire quand certains s’attaquent aux valeurs de notre République : LA FRATERNITE, comme celle qui baigne l’atmosphère de cette belle soirée. L’EGALITE et la LIBERTE de plus en plus malmenées elles aussi. »
Francis José-Maria
Filiation et Fidélité, je comprends, Francis, ton attachement et ton respect pour ces deux mots qui sont comme les deux ailes qui nous portent vers le Mystère de l’Origine, Lumière, Vérité et Vie, que nous partageons avec tous les hommes de bonne volonté, qui sont nos frères et soeurs au-delà de toute frontière et de toute condition…