Lorsqu’il est venu proclamer le résultat du deuxième tour des municipales sur le parvis de la mairie dimanche soir, Marc Etienne Lansade n’a pas dissimulé son soulagement. L’inquiétude d’une défaite aurait-elle traversé son esprit ? Est-ce la raison pour laquelle messieurs Smadja et Giorsetti ont débarqué en mairie une heure avant la fin du scrutin et se sont installés au deuxième étage pour y attendre les résultats ? Il est vrai qu’avec tous les déboires que ces deux-là ont essuyés dans leur gestion calamiteuse du port – un marché illégal résilié par le tribunal, un autre stoppé brutalement, des plaintes pénales en cours, une perquisition de la brigade financière… – il y avait de quoi!
Devant un parterre de supporters, le maire fraichement réélu s’est laissé aller à son exercice populiste favori consistant à dézinguer les institutions tout azimut : le Préfet, la Justice, la presse, responsables selon lui de tous ses malheurs. Après avoir traité avec le même mépris son opposante qu’il n’a même pas saluée, il a rendu hommage à deux des personnes qui l’entouraient. En premier à monsieur De Kersaint-Gilly, celui qu’il appelle « son sauveur » parce qu’il a rallié son camp après avoir trahi celui de l’opposition, évitant ainsi une dissolution de son conseil municipal.
Le deuxième hommage adressé à sa future première adjointe, Audrey Rondini-Gilli, était deux fois plus appuyé, ce qui parait normal compte tenu de la double traitrise commise par cette avocate distinguée. En effet, non seulement elle a trahi la députée « En Marche » de la circonscription, Sereine Mauborgne, qui l’avait chaperonnée pour en faire « sa » future tête de liste, mais elle a aussi claqué la porte à la liste constituée derrière elle pour rejoindre monsieur Lansade qu’elle n’avait eu de cesse de démolir avant de succomber à son charme.
Tous les deux méritaient bien d’être mis à l’honneur par leur nouveau maitre qui a réussi à les retourner avec beaucoup d’habileté. On est tout de même en droit de se demander combien de temps va tenir un attelage composé de personnalités aussi versatiles ?
Alors que les supporters de monsieur Lansade avaient déserté le parvis de la mairie, les vrais patrons, messieurs Smadja et Giorsetti, restaient discrètement installés dans leur château municipal reconquis pour six ans peut-être. Ils y savouraient sans doute leur victoire habités par cette pensée : « Cogolinoises, Cogolinois, retournez dormir, continuez à vous bouchez les oreilles et à fermer les yeux. Pendant ce temps, nous allons continuer à nous occuper de nos intérêts, pas des vôtres ! » .