1 500 ! C’était le nombre de logements autorisés par Marc Etienne Lansade que nous avions recensés dans l’article consacré à l’urbanisme dans notre bulletin d’information d’octobre 2022 (1). Depuis, le rythme frénétique imposé par le professionnel de l’immobilier qui tient lieu de maire ne s’est pas ralenti et le plafond des 2 000 logements devrait rapidement exploser.
Photo chantier montée Saint Roch
Une « petite ville de demain » surchauffée et asphyxiée
Le béton, chacun le sait, est un accumulateur et un diffuseur de chaleur. Et comme à Cogolin on ne crée plus de nouveaux espaces verts, au contraire on les détruit, comme la forêt urbaine de Notre Dame des Anges remplacée par sept immeubles de 134 appartements (1), notre ville bétonnée risque de se transformer en fournaise avec le réchauffement climatique annoncé. Une chaude perspective aggravée par l’absence totale de plan de circulation, de stationnement et de déplacements doux. L’absence de nouveaux espaces de rencontres et de convivialité aussi. Un cocktail explosif qui engage Cogolin vers des lendemains qui déchantent.
Constructions dans des zones inondables rouges repeintes en bleu
Tel est le cas du permis de construite des immeubles de 63 logements rue du Contant. Car si l’on regarde bien la carte du Plan de Prévention du Risque d’Inondation (PPRI) de la zone concernée, on constate que sa limite épouse parfaitement la forme du projet de voie de contournement qui devait servir de digue de protection contre les crues.
Extrait PPRI rue du Contant
Or le projet de voie de contournement a été définitivement abandonné en 2016 avec la suppression de son emplacement réservé dans le cadre de la révision simplifiée n° 7 du PLU de Cogolin. Cet abandon aurait dû se traduire par l’intégration du secteur classé en bleu en zone rouge du PPRI au même titre que tous les champs environnants régulièrement inondés. Et donc y interdire toute construction nouvelle. Peu importe, les immeubles sont aujourd’hui en voie d’achèvement !
Quand le vieux serpent de mer du Yotel se mue en escargot
Après les nombreux revers subis par les projets immobiliers successifs proposés sur le terrain du Yotel, rebaptisé « l’Hippodrome » par le maire, nous avions utilisé dans notre dernier bulletin d’information l’image d’une course de chevaux (1) en nous demandant s’il allait réussir à franchir le dernier obstacle. Certes, il a réduit la voilure en ramenant les 568 logements initialement prévus à 300 sur une surface de 19 000 m2. Certes, malgré les nombreuses réserves, le commissaire enquêteur a donné un avis favorable au Schéma de Cohérence Territoriale qui entrouvre la porte à la réalisation d’un tel projet.
Pour autant, le respect de la loi Littoral ne saurait se résumer à un nombre de logements et des surfaces de plancher. En l’absence de plan de circulation et de solutions de déplacements alternatifs, on est en droit de s’interroger sur la cohérence d’un tel projet qui va aggraver la saturation actuelle de la circulation automobile au fonds du golfe de Saint Tropez. On peut aussi s’inquiéter de l’implantation de nouveaux logements sur un terrain soumis au double risque d’inondation et de submersion marine. Car si ces risques sont aujourd’hui estimés modérés, en sera-t-il de même tout au long de la durée de vie probable de ces immeubles d’une centaine d’année ? Ce n’est en tout cas pas l’avis des experts qui affirment que ces aléas vont fortement s’aggraver dans les prochaines décennies en raison du changement climatique.
Peu importe, le nouveau permis est en cours d’instruction et pourrait être une nouvelle fois contesté. Nous verrons bien s’il connaitra un meilleur sort que les projets précédents. Une chose est certaine, le béton constitutif de l’escargot du Yotel, loin d’être en voie de disparition, est une espèce totalement invasive à Cogolin.
Projet Yotel juin 2023
(1) Articles à retrouver sur https://www.placepubliquecogolin.fr/article/le-nouveau-bulletin-dinformation-est-arrive.html