A Cogolin, au coeur du Golfe de Saint-tropez, loin des médias, le Front national s’embarrasse de moins de précaution dans sa gestion municipale.
La cité était connue pour avoir vu grandir Emmanuelle Béart. Aujourd’hui, la décision de baptiser l’un de ses parkings du nom de Maurice Barrès – l’écrivain antidreyfusard, grand idéologue de l’extrême droite française – fait les gros titres des journaux.
Parachuté en mars dernier, Marc-Etienne Lansade, entrepreneur parisien d’un quarantaine d’années, a réussi à s’emparer des clés de la ville en réalisant une violente campagne anti-islam.
Après avoir multiplié les effets d’annonce (embellissement des ronds-points et d’un local à poubelles, nouveaux panneaux de signalisation, inscription de la devise « Liberté, Egalité, Fraternité », effacée par le temps, sur le fronton de la mairie,…), celui qui taillait le bout de gras avec Jean-Marie Le Pen lors de la sortie du patriarche frontiste sur Ebola, solution parfaite pour résoudre le problème de l’immigration, met en place une politique qui ne déplairait pas à ce dernier.
Mode opération : « La Reprovençalisation. »
« Ce terme est un paravent pour dire que les commerçants qui vendent des produits orientaux ou d’origine maghrébine ont été poussés dehors, estime Francis José-Maria, cofondateur de Place publique, collectif de citoyens constitué à la suite de la victoire du Front national.
C’est une hérésie car lorsqu’on rabougrit les marchés, le commerce diminue. Ce repli sur soi, c’est comme dire aux Phéniciens : ‘repartez chez vous’. »
Dans un communiqué envoyé aux Cogolinois pour ses cents premiers jours de mandat, Marc-Etienne Lansade se félicitait de la « destruction de l’extension illégale de la mosquée ». Cette « grande opération urbanistique » est en réalité plus modeste qu’il ne le suggère. « J’avais obtenu de l’ancien maire l’autorisation de construire une marquise d’une cinquantaine de centimètre au-dessus de la porte d’entrée de la mosquée pour nous protéger de la pluie, explique l’imam Ali Atik. Monsieur Lansade m’a demandé de la détruire par courrier dès qu’il a été élu. »
Comme tout bon maire frontiste, Marc-Etienne Lansade mise tout sur la sécurité : recrutement de deux nouveaux policiers municipaux et renforcement de la vidéosurveillance sur le port de plaisance de la ville.
Mais c’est l’un de ses propres élus qui a eu des problèmes disciplinaires.
Fin juillet, Eric Masson, son premier adjoint délégué aux finances, a été révoqué de la police cannoise pour avoir multiplié les dérapages. En février dernier, il s’était distingué en débarquant en furie dans les bureaux de la direction des ressources humaines de Cannes.
Traumatisée, une femme enceinte avait été transportée en état de choc au centre hospitalier. Suspendu de la fonction publique territoriale par le conseil de discipline de la municipalité cannoise à cause de son comportement, Masson s’est vu refuser la demande de mutation qu’il espérait. Il avait pourtant trouvé un point de chute idéal dans la ville voisine où un maire FN lui avait donné son accord. Son nom ? Fréjus.
Images et Pdf complémentaires :
– 2014-08-13-Les_inrock.pdf