Le Maire de Cogolin baisse la dotation d’une école pour faire supprimer la chanson « Aïcha » de son spectacle

Après avoir interdit la représentation de danses orientales à une association, après avoir censuré un projet d’animation du centre de loisirs sur le thème des “différences”, le Maire de Cogolin Marc Etienne Lansade met la pression sur une école pour qu’elle retire la chanson “Aïcha” du spectacle qu’elle a préparé dans le cadre d’un projet pédagogique musical, validé par l’inspecteur, sur le thème d’un “voyage autour de la Méditerranée”, avec des chansons italiennes, grecques, françaises, provençales etc…
L’ingérence politique du maire dans le projet d’une école est une atteinte inacceptable à la liberté pédagogique des enseignants. Le procédé qu’il utilise pour arriver à ses fins est quant à lui odieux.
Tout a commencé par l’annonce faite à cette école que sa dotation financière allait être réduite de 64%, alors que celles allouées aux autres écoles diminuaient de 20%. La raison invoquée était que d’importants travaux de climatisation étaient nécessaires dans l’école visée et qu’il fallait compenser cette dépense importante. Cet argument ne tient pas la route, puisque les dépenses d’équipement et d’entretien des bâtiments scolaires primaires sont bien à la charge des communes, indépendamment de la dotation allouée aux écoles pour financer leurs projets pédagogiques, leurs sorties et matériels scolaires. Par ailleurs, une baisse différenciée de cette dotation entre les écoles crée une rupture d’égalité des élèves devant le service public. Le motif invoqué est tombé de lui-même quand on a appris que les travaux de climatisation ne concernaient finalement pas cette école, mais un autre établissement scolaire de la commune.
Ensuite, il y a eu la remarque faite lors d’un conseil d’école par l’adjointe aux affaires scolaires qui, alertée par quelques parents, a fait savoir que la présence de la chanson “Aïcha” dans le répertoire du spectacle projeté n’était pas bienvenue. Pour clôturer ce scénario lamentable, il y a eu enfin cet horrible chantage fait par le maire à l’école à qui il a proposé de rétablir la dotation à condition qu’elle retire la chanson Aïcha de son projet pédagogique et du spectacle!

Place Publique dénonce avec force cette nouvelle atteinte grave à la laïcité et la méthode utilisée par le maire pour essayer d’arriver à ses fins.

Dernière minute : Sous la pression des représentants de l’institution scolaire, des syndicats et du mouvement de colère grandissant, le maire a fait marche arrière en renonçant à la baisse de la dotation à l’école Fontvieille. Va-t-il comme à son habitude déclarer qu’il n’est pour rien dans cette affaire ?

Portrait Marc-Etienne Lansade : après la gauche caviar, le FN mojito (Mathias Destal – Marianne)

Pour toutes celles et tous ceux qui n’ont pas eu la chance de pouvoir se procurer le dernier numéro de Marianne du 27 avril 2016, rapidement épuisé dans le seul point de distribution de presse de Cogolin, nous avons le plaisir de publier l’intégralité de l’article de Mathias Destal qui dresse un portrait édifiant du Maire de Cogolin, de ses copains et de leurs pratiques. Cela permet de faire un peu mieux connaissance avec cet inconnu à qui ont été confiées les clés de la mairie.
L’article est également consultable sur le lien http://www.marianne.net/marc-etienne-lansade-apres-gauche-caviar-fn-mojito-100242394.html . Il a été repris avec humour par Didier Porte dans une vidéo consultable sur le lien http://actudirect.com/news/mediaporte-fn-bamboula-a-cogolin/
Didier Porte se produira le jeudi 19 mai à 20H44 à l’espace culturel Albert Raphael de Ramatuelle et nous vous invitons à aller nombreux passer une soirée d’humour et de bonne humeur.

Portrait
Marc-Etienne Lansade : après la gauche caviar, le FN mojito
Mathias Destal

Parachuté de Levallois-Perret, Marc-Etienne Lansade, le maire frontiste de Cogolin (Var), est un fringant jet-setteur aux larges appétits immobiliers. Son rêve : transformer la commune en annexe de Saint-Tropez. Sur la plage abandonnée, copinages et crustacés…
Mercredi 13 avril, 8 h 30. Marc-Etienne Lansade, seul, en plan fixe, se fait filmer par un membre de son cabinet devant les pelleteuses qui démontent un camp de Roms installé sur sa commune. « Heureusement pour les gens qui nous regardent, vous n’avez pas l’odeur en plus », lâche-t-il. Quelques heures plus tard, le maire FN de Cogolin poste la vidéo (voir capture d’écran ci-dessous) sur sa page Facebook et s’amuse à répondre aux commentaires. Un internaute : « Mais où vont aller ces êtres humains avec leurs enfants maintenant ?
– Ils peuvent aller chez vous si vous le souhaitez, une adresse à me communiquer ? » Le Robert Ménard du golfe de Saint-Tropez a frappé.
Inconnu du grand public et d’une majorité de militants du Front national, Marc-Etienne Lansade n’est pas le dernier venu au FN. Dans le drame œdipien qui secoue le parti depuis des mois, ce fan de grosses cylindrées et de virées en boîte excelle même dans le rôle du psy de service de la famille Le Pen. Adoubé par Marine, avec laquelle il partage bon nombre d’amis influents. Cajolé par Marion, qui l’a fait entrer au conseil régional de Provence-Alpes-Côte d’Azur (Paca). Missionné auprès de Jean-Marie quand ce dernier, au plus fort de la crise avec sa fille, laissait planer l’idée de constituer une liste autonome dans le Sud-Est (lire l’encadré en fin d’article). C’est simple : le nouveau maire de Cogolin, l’une des 11 communes ravies par le Front national en 2014, fait l’unanimité à Montretout.
Plutôt jeune pour le job (43 ans), gouailleur et parfaitement à l’aise dans l’uniforme du frontiste « new-look » – costard, chemise à poignets mousquetaire, chaussures cirées –, Lansade incarne cette génération d’élus inexpérimentés mais présentables pour lesquels l’extrême droite, en quête de respectabilité, a les yeux de Chimène.
Porsche et Ray-Ban
La première fois que les Cogolinois ont fait la connaissance de ce grand brun venu de Levallois-Perret, ils l’ont vu débarquer en Porsche cabriolet, Ray-Ban Aviator sur le front. L’entrée en piste a fait jaser dans cette paisible bourgade varoise de 11 600 habitants, qui sert de dortoir, l’été, aux fêtards de Saint-Tropez et de Ramatuelle. Mais, à la fédération locale du FN, personne n’a moufté. La décision de parachuter Lansade, qui ne connaissait personne à Cogolin et n’avait jamais exercé le moindre mandat, venait d’en haut.
Marine Le Pen, son compagnon, Louis Aliot, et son directeur de cabinet, Nicolas Lesage, étaient à la manœuvre. Pourquoi lui ? « J’ai commencé à me rapprocher vraiment du Front national en 2007, nous raconte l’intéressé, quelques jours avant sa sortie sur les Roms, dans son bureau de l’hôtel de ville, troisième tasse de café à la main à 10 heures du matin. Un de mes copains de fac à Assas, Nicolas Lesage, le dircab de Marine, avait besoin de mon avis d’expert immobilier sur un gros dossier : la vente du siège du FN à Saint-Cloud. On s’est revus par la suite. »
Un soir de 2012, Marc-Etienne Lansade dîne avec Louis Aliot et Nicolas Lesage dans un restaurant parisien. « C’était peu de temps après l’élection de Hollande, j’étais en train de faire mes cartons pour me tailler au Luxembourg.» L’ex-futur exilé fiscal quitte finalement la table avec une offre alléchante : une investiture à Cogolin. Soit l’assurance, s’il ne fait aucun faux pas, de l’emporter face à Jacques Sénéquier, le baron de la droite locale qui achève un troisième mandat plombé par les combines et les coups tordus.
Moins de fisc, plus de flics
Pour gagner la ville, du sang neuf et les couleurs du FN, très populaire dans le département, suffiront. Seul impératif ? Sourire et serrer des louches en récitant le chapelet frontiste : gel des impôts locaux, défense de l’identité provençale, hausse des effectifs de la police municipale. Pour le compte de campagne, Lansade n’aura rien à faire : Nicolas Crochet, un expert-comptable proche de Marine Le Pen, mis en examen depuis pour financement illégal de parti politique, s’occupera de tout.
Sans surprise, le fils de bonne famille, élevé dans le XVIe arrondissement de Paris – papa fut président du conseil de l’ordre des chirurgiens-dentistes –, emporte la mise avec 53,1 % des voix contre 46,9 % pour le maire sortant. Fini l’anonymat et la grisaille francilienne, place à l’action publique et aux chaudes nuits tropéziennes.
Marc-Etienne Lansade ne s’en cache pas : c’est un noceur invétéré. Sur la Côte d’Azur, on le voit s’éclater jusqu’au bout de la nuit avec ses amis de la jet-set au VIP ou aux Caves du roy, deux dancefloors mythiques de Saint-Trop. « L’été dernier, il passait toutes ses soirées là-bas », témoigne un Cogolinois informé.
En 2014, le nouveau maire donne aussi de sa personne aux fiestas endiablées de l’Epi Club, un restaurant de la plage de Pampelonne, à Ramatuelle, en compagnie du rappeur Lord Kossity, du retraité des rings Franck Tiozzo ou du sénateur-maire frontiste de Fréjus, David Rachline.

Le grand copain de Lansade, Frédéric Chatillon, prestataire vedette du FN épinglé dans les Panama Papers et ancien leader du GUD, ce groupuscule étudiant d’extrême droite qui faisait le coup de poing à Assas dans les années 80, est lui aussi de la partie.
Les filles de Chatillon officient alors comme saisonnières à l’Epi Club. Cette joyeuse bande de bringueurs testostéronés s’en donne à cœur joie au bord de la piscine. Un peu trop au goût de la propriétaire des murs et de l’hôtel Epi plage. « J’ai vu arriver beaucoup de motards en Harley, raconte Shahla Mauch Deyhim. On aurait dit des Hell’s Angels… »
D’origine iranienne, cette femme d’une soixantaine d’années avait loué le restaurant à son compatriote Farshad Forouzandeh pour quatre saisons. En avril 2015, elle réclame le chèque de la deuxième saison, payable à l’avance. Elle n’en verra pas la couleur. Forouzandeh met les voiles et accoste à quelques encablures, sur l’unique plage de Cogolin, où son ami Marc-Etienne Lansade, grâce à un appel à candidatures taillé sur mesure, lui permet d’ouvrir un nouveau resto branché, l’Hippie Chic. Le 7 août dernier, c’était soirée des Mille et Une Nuits avec danseuses du ventre, mouton à la broche et cracheurs de feu. Le maire n’a dit mot de ce méchoui géant. Un an plus tôt, il avait pourtant justifié l’annulation d’un spectacle de danse orientale dans un gymnase municipal avec cet argument exquis : « Ici, on est en Provence, pas en Orient. »
« Pink party »
Mais ça, c’était avant les plages parties… Un business que Marc-Etienne Lansade connaît comme sa poche. En 2009, il avait monté un bar à cocktails à Split, en Croatie, le Beach Caffe Fibra dont les soirées « Pink party », « Funk Me, I’m Famous » ou « So Glam » attiraient leur lot de beautés slaves. « J’ai vendu mes parts, affirme-t-il aujourd’hui, un drapeau croate posé sur son bureau à côté d’une pipe – la spécialité de Cogolin. Il doit juste me rester un compte avec 500 € à la Splitska Banka. »
Sur le reste de ses sociétés, l’ancien étudiant en droit privé, option droit des affaires, n’est guère causant. Depuis sa sortie de la fac, il en a créé près d’une dizaine, tantôt seul, tantôt avec des associés français ou étrangers. Vendôme Consultant, Vendôme Rénovation, Vendôme TCE… Ces boîtes, spécialisées dans la gestion immobilière et le BTP, ont toutes été radiées. Dans les registres du greffe, le nom du maire de Cogolin n’apparaît que dans les statuts de quatre sociétés civiles immobilières (SCI) chargées d’administrer divers biens. La dernière en date s’appelle « Il connaît pas Raoul ? », tirade mythique de Michel Audiard auquel Marc-Etienne Lansade voue un culte appuyé.
La pierre, voilà le grand dessein de l’édile varois, par ailleurs vice-président de la communauté de communes du golfe de Saint-Tropez et membre de la commission foncier et urbanisme au Conseil régional. A Cogolin, deux projets pharaoniques l’occupent. La marina, l’une des plus étendues de la Côte d’Azur, a été construite dans les années 60. Elle peut accueillir 1 600 bateaux. Le maire veut ramener la jauge à 1 200 anneaux, pour attirer de plus gros navires, type yachts de milliardaires.
Pour cela, il doit attendre 2019 et la fin de la concession signée entre l’Etat et la société anonyme du port de plaisance. Mais la calculette chauffe déjà. « Sachant que le prix moyen d’un anneau sur trente-cinq ans est de 125 000 €, ça fait 150 millions d’euros de recettes, détaille Lansade. Quand bien même il y aurait 80 ou 100 millions d’euros de travaux à faire, on aura 50 millions d’euros de marge. » Tout bénef, donc.
L’autre fromage qui l’excite est un centre de vacances pour ménages modestes, le Yotel, niché sur un terrain communal de 13 ha. Son plan ? Raser les mobile homes et construire un village provençal avec appartements, hôtels et commerces pour touristes friqués. Seul hic : la zone est inondable et classée comme telle… Les négos avec les services de l’Etat pour assouplir les conditions de construction s’annoncent sportives. « J’ai bon espoir, assure le frontiste. Je pense que, fin 2017, on devrait avoir les permis pour une livraison en 2018-2019. »
Une frénésie immobilière qui fait trembler Francis José-Maria, l’ancien candidat de la gauche aux municipales. « A ce niveau, il ne s’agit plus d’urbanisme, mais de spéculation, s’insurge ce retraité qui, au travers de son association, Place publique, incarne la principale opposition locale au FN. Le maire a décidé de ne pas augmenter les impôts. Du coup, pour financer ses projets, il emprunte à tire-larigot : 2,5 millions d’euros en 2014, 3 millions en 2015, 6 millions annoncés pour 2016… Rien ne dit que ces réalisations permettront de rembourser de tels montants. » Dans l’ombre de Lansade le bâtisseur, un homme, issu comme lui de la franc-maçonnerie et de la bonne ville de Levallois, tient la truelle : Jean-Marc Smadja.
À l’école des Balkany
Ce septuagénaire, qui ne sort pas sous le cagnard sans couvrir son crâne dégarni d’un seyant panama, a été pendant des années l’un des acteurs clés du système Balkany. Cousin germain d’Isabelle, il présidait la société d’économie mixte (SEM) d’aménagement de Levallois-Perret, la Semarelp, entre 2002 et 2008. L’établissement, à l’origine du bétonnage de la prospère commune des Hauts-de-Seine, est aujourd’hui dans le viseur de la justice : les magistrats soupçonnent cette SEM d’avoir été au cœur d’un vaste système de pots-de-vin.
Le 15 décembre dernier, après l’annonce de son arrivée dans le Var, une bonne partie du conseil municipal de Cogolin a porté sur le statut de Smadja, présent ce jour-là. « Il n’a pas de contrat de travail. Pour vous dire la vérité, M. Smadja est à la retraite et touche trop d’argent pour avoir un contrat supplémentaire », s’est alors hasardé Marc-Etienne Lansade, en se tournant vers son nouveau « conseiller spécial » chargé de l’urbanisme.
La situation semble être rentrée dans l’ordre depuis. Jean-Marc Smadja est désormais rémunéré par la commune en tant que consultant. La facture est envoyée par la société Euromena finance, dont il est actionnaire aux côtés d’hommes d’affaires et politiques égyptiens ou libanais. Tarif ? Trente mille euros par an : pas cher pour un expert de ce calibre.
Heureusement pour lui, Smadja a d’autres sources de revenus à Cogolin. Telle cette maison de deux étages avec garage, rue Blanqui, au cœur de la vieille ville, acquise en 2013 pour 290 000 € et qu’il loue… à Marc-Etienne Lansade. « J’avais envie de l’acheter, mais je n’en avais pas les moyens. Jean-Marc l’a fait à ma place. Je lui verse 720 € de loyer par mois, affirme l’édile, en affichant sur son ordinateur la quittance de mars. Ça doit correspondre à son crédit. »
Les deux font décidément la paire. « Smadja et Lansade sont venus tâter le terrain ensemble bien avant le début de la campagne municipale », se souvient Anthony Giraud, 29 ans, un ancien membre de la majorité FN, passé avec armes et bagages dans l’opposition il y a six mois. Giraud, l’enfant du pays, a introduit le futur maire auprès des notables du coin. Aujourd’hui, il veut sa peau. Comme Pascal Cordé, un autre conseiller municipal déchu, ou Didier Monnin, un ex-frontiste désormais responsable de la fédération du Var du Parti de la France, le mouvement fondé par Carl Lang en réaction à la « dédiabolisation » du FN. « Lansade est un nationaliste d’opérette ! » s’emporte Anthony Giraud. Réponse du maire : « Ce type est un fada… »
Pour les idées, Marc-Etienne Lansade s’en tient à la ligne droitière et conservatrice établie par la députée du Vaucluse Marion Maréchal-Le Pen. Une amie intime : il a donné le prénom de sa fille, Olympe, à la salle des mariages de Cogolin. Et trouvé un petit boulot à sa marraine, Catherine Besson. Peintre à ses heures perdues, l’ancienne assistante du pôle « grande manifestation » de l’équipe de campagne de Marine Le Pen en 2012 émarge aujourd’hui comme salariée de la commune : elle écrit dans le magazine municipal, Terre-Mer.
A force de graviter dans le premier cercle des Le Pen, Marc-Etienne Lansade se devait, évidemment, de figurer dans la Présidente, une BD récente qui raconte ce que pourrait être la politique de la France si Marine Le Pen entrait à l’Elysée. Un exemplaire trône dans sa bibliothèque. « Je ne l’ai pas encore lu, j’ai juste vu que j’avais une gueule immonde, commente-t-il en feuilletant l’ouvrage. Sans déconner, un vrai phacochère. » Cochon qui s’en dédit.
Jean-Marie le « nuisible »
Le 2 avril 2015, Jean-Marie Le Pen dérape. Interrogé au micro de RMC sur les chambres à gaz qu’il qualifiait en 1987 de « point de détail de l’histoire de la Deuxième Guerre mondiale », le fondateur du Front national persiste et signe. «Je crois que c’est la vérité », lâche-t-il.
Entre Marine et son père, c’est le clash. « Le Menhir », qui devient persona non grata au FN, laisse alors planer le doute sur ses intentions pour les régionales. Soutiendra- t-il sa petite-fille, Marion, en campagne dans le Sud-Est, ou fera-t-il cavalier seul ?
En juillet, la députée du Vaucluse envoie Marc-Etienne Lansade chez papy pour arrondir les angles. « Je l’ai supplié à genoux, il ne comprend rien », rapporte l’élu de Cogolin en petit comité, le 13 juillet, à la fédération FN du Var. Et d’ajouter : « Si je disais tout ce que je pense de la Seconde Guerre mondiale, je serais inéligible trois fois en cinq secondes. Ce monsieur est aigri et à 88 ans, il veut toujours s’accrocher au pouvoir. Au lieu de profiter de la vie, il reste et devient même nuisible… »

DESTRUCTION D’UN CAMPEMENT DE ROMS : LA VIDEO INFAME DU MAIRE DE COGOLIN

Ah qu’il semblait fier, le maire FN de Cogolin, en bombant le torse devant la caméra qu’il avait invitée à venir filmer « en live » le dépeçage des caravanes des familles de Roms illégalement installées dans un champ de la commune ! (1) Dans une pseudo interview dont il avait préparé les questions et les réponses, il a fanfaronné sur son efficacité par rapport au maire républicain d’une commune voisine, il a fustigé les lois qui sont contre lui, il a accusé l’Europe d’être responsable de tous nos maux, il a invité chacun à sécuriser sa propriété avec l’aide de la mairie… Comme il semblait éprouver du plaisir à déambuler sur les débris des habitations éventrées en même temps que sur ses thèmes de prédilection !

Seule ombre au tableau du matamore, il a été incommodé par les « odeurs », comme il l’a déploré en grimaçant. Or, pour nous être rendus sur le site le même jour que lui, nous n’avons senti aucune odeur particulière hormis celle des objets brûlés. Ce n’est pas par le nez que ces prétendues odeurs lui sont montées au cerveau, mais en s’inspirant très fort de cette remarque sur la présence « urticante et odorante » pour laquelle son auteur, illustre membre du FN, vient d’être condamné ce 6 avril dernier par le Tribunal Correctionnel de Nice.

UNE MISE EN SCÈNE PITOYABLE, POLITICIENNE ET INHUMAINE
La « mise en pièce » théâtrale de la démonstration de force du maire de Cogolin est consternante. Chacun aura compris que son unique but est d’essayer d’en tirer des bénéfices politiques, à un moment où il commence à être contesté, à l’intérieur même de son équipe et où se multiplient les exclusions et démissions forcées.
Dans son discours méprisant et de pure propagande, il n’a donné aucune information ni sur la décision de justice, ni sur les conditions réelles de l’évacuation. Nous voyons les conséquences de la force mais nous ne savons absolument rien sur les règles de droit.
A aucun moment il n’a dit mot sur le sort de ces hommes, ces femmes et ces enfants qui vivaient là, dans des conditions précaires. Nous ne savons rien de ce qui leur est advenu. A Cogolin, silence, on expulse, on évacue, on démolit……Circulez, il n’y a rien à voir autre qu’un élu local affichant sa satisfaction sur un champ de ruines. Quel courage !

Aux yeux de M Lansade, ces gens-là ne seraient-ils pas des humains comme lui et comme nous, qui méritent d’être traités avec humanité et dans le respect des règles de droit ? Une seule chose est certaine pour lui, ce sont des voleurs. Il l’a dit et répété se référant sans doute là encore à son maître à penser FN qui avait dit en 2012 devant des militants en parlant des Roms « Nous, nous sommes les oiseaux, nous volons naturellement. », ce qui lui avait déjà valu condamnation. Quelles preuves M Lansade avait-il de la présence d’objets volés dans le camp des Roms hormis le fait qu’étant chez des Roms ils étaient naturellement volés ? Comment appelle-t-on une accusation sans preuve à l’encontre de quelqu’un à raison de la seule appartenance à un groupe ?

AUSSI FROID, MÉTALLIQUE ET DESTRUCTEUR QU’UN BULLDOZER
Même si les conditions de vie indignes de ces familles Roms ne pouvaient perdurer, qu’a fait M Lansade pour anticiper et accompagner cette opération d’évacuation dans le sens notamment que prévoit la circulaire interministérielle du 26 août 2012 à l’adresse des services de l’Etat et appelant les responsables des collectivités territoriales dont les maires à y concourir? Rien ! Il n’en dit rien et n’a rien fait. Depuis le mois de mai 2015, date d’installation de ce camp, il n’a rien fait ni pour anticiper ni pour accompagner. Ses propos sur un champ de dévastation résonnent aussi froids et métalliques que le bruit des bulldozers anéantissant les caravanes autour de lui. Pas la moindre once d’humanité ! Pas la moindre once d’efficacité administrative !
Loin de ces méthodes d’un autre âge par lesquelles les problèmes ne se résolvent que par la force et la destruction, loin de ce triste spectacle d’un élu local se pavanant devant des caravanes éventrées, nous affirmons que rien de ce qui est humain ne peut être étranger à des citoyens soucieux de l’image de leur ville.

Le collectif de citoyens Place Publique

P.S. Voir en pièce jointe les communiqués de la Ligue des Droits de l’Homme, du Maire de Grimaud et de Place Publique publiés sur le quotidien régional Var Matin

Notes de Lecture :
– (1) http://youtu.be/WVvFaGY-4yA

Images et Pdf complémentaires :
– communiqua-s-sur-varmatin-pdf.pdf

UNE EUROPE ENGAGEE ENVERS LES REGIONS LES MOINS FAVORISEES PRESENTEE A LA DERNIERE RENCONTRE PUBLIQUE

A l’heure où l’Union Européenne (UE) traverse de fortes turbulences, liées aux crises économiques et migratoires, Jean-Claude Boidin a permis au nombreux public venu assister à sa récente conférence de découvrir une réalité mal connue de cette institution, celle de son action décisive dans le domaine de l’aide au développement. C’est ainsi que l’UE est de toutes les puissances mondiales le premier contributeur à l’aide au développement en y consacrant 13 à 14 milliards d’euros par an, ce qui représente entre 8 et 10 % de son budget global et 55% de l’aide publique au développement mondiale.

DES RAISONS ECONOMIQUES ET COMMERCIALES
Comme il l’a justement rappelé, cette ouverture vers le Sud est inscrite dans l’ADN de l’Europe dès sa création et elle est reprise dans les traités successifs qui la régissent. Le fondement principal de cette relation est économique, pour sécuriser les sources de matières premières et assurer les débouchés commerciaux de l’UE. Préférences commerciales, conventions d’ouverture aux exportations des pays en développement, accords d’association … sont les instruments qui lient aujourd’hui 79 pays partenaires d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP) aux 28 membres de l’UE. Un système de préférences généralisées de réduction des droits de douanes est adopté dans les années 1970 en faveur de tous les Pays en Voie de Développement (PVD). Il est amélioré en 2001 aux profits des pays les plus pauvres avec l’initiative « Tout sauf les Armes ».
A partir de 2000, les règles du commerce mondial ne permettent plus d’accorder des préférences sélectives à certains PVD, ce qui a amené l’UE à conclure une série d’Accords de libre-échange avec les pays partenaires du monde entier avec trois principes clés : la préférence pour les accords régionaux, la prise en compte des différences de développement des PVD, la reconnaissance de son rôle dans le développement de l’économie mondiale.

UNE VOLONTE DE COOPERATION
A côté de la relation commerciale, l’UE s’est fixée un objectif plus structurel et ambitieux : celui d’accompagner les transformations économiques et sociales dans les pays partenaires, pour réduire les écarts de développement et lutter contre la pauvreté. Le Fonds Européen de développement (FED) qui est réservé aux pays ACP, est alimenté par des contributions des Etats Membres. Avec 30 milliards d’euros pour la dernière dotation, il reste le plus gros instrument de coopération externe de l’UE. Malgré tout, ni l’UE ni la majorité de ses états membres n’ont atteint les objectifs auxquels ils se sont engagés de consacrer 0,7% de leur PIB à l’aide publique au développement. Ils peinent à atteindre les 0,4 à 0,5%.
Composée essentiellement de dons, l’aide de l’UE est programmée sur des périodes longues de 7 ans et obéit au principe d’appropriation par le pays partenaire qui détermine ses propres priorités. Partout où cela est possible, la société civile est invitée à jouer un rôle actif dans le dialogue et la mise en œuvre des politiques et réformes engagées par ces pays.
L’Afrique et les pays du voisinage sont les principaux bénéficiaires de l’aide européenne qui se concentre sur les pays les plus pauvres. Ces aides sont principalement dirigées vers l’agriculture et la sécurité alimentaire, la santé, l’eau, l’assainissement, la coopération entre PVD, les transports, l’environnement, les ressources naturelles, le climat…
A partir de 2000, l’UE a travaillé dans le cadre général des 8 Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD 1), et des progrès importants ont été réalisés. Depuis 2015, elle dispose d’un cadre plus ambitieux encore, celui des 17 Objectifs de Développement Durable (ODD 2) défini à l’horizon 2030.

L’UE, ACTEUR HUMANITAIRE
Différente de la coopération au développement, cette activité est déclenchée en cas de conflits ou de catastrophes naturelles pour répondre directement aux besoins des populations. Avec un budget global de 1 milliard d’euros, elle finance des secours urgents et traite principalement avec des Organisations Non Gouvernementales (ONG) et des organisations internationales reconnues. L’aide humanitaire ne peut pas vraiment agir sur les causes des conflits, mais une fois la phase d’urgence terminée, c’est à la coopération de prendre le relais pour la reconstruction/réinsertion/réintégration des communautés sinistrées ou déplacées. C’est aussi le rôle de la coopération de soutenir la prévention des crises partout où cela est possible.

LA DIMENSION POLITIQUE
Il s’agit ici pour l’Europe de promouvoir « ses valeurs » dans le monde et auprès de ses partenaires en développement. Dans les accords qu’elle conclut avec eux elle définit comme éléments essentiels les Droits de l’Homme, la Démocratie et l’Etat de Droit, et y associe des notions proches comme la bonne gouvernance, la transparence et la lutte contre la corruption.
Pour s’assurer que ces accords débouchent sur des résultats concrets, ils sont signés et ratifiés par les deux parties qui sont engagées. Un dialogue politique permet d’examiner les progrès et discuter les problèmes, une coopération financière et technique est mise en place dans le domaine de la gouvernance (appui aux élections, justice, prisons..), la Société Civile est mobilisée comme un acteur et un aiguillon à l’appui des réformes… L’exemple de l’organisation d’élections démocratiques au Congo montre que cela peut fonctionner. En cas de non-respect de ces accords, des procédures de consultation peuvent aboutir à des sanctions, comme cela a été le cas récemment au Burundi avec la suspension d’une aide globale de 430 millions d’euros sur 5 ans.

QUELS RESULTATS, QUELS DEFIS ?
Après 40 années de coopération structurée, des résultats positifs ont été obtenus en matière de coopération au développement. D’importants progrès ont été réalisés sur la plupart des Objectifs du Millénaire pour le Développement par la majorité des pays, sauf ceux en conflit. Disparition des grandes famines, progrès de l’éducation primaire, maitrise graduelle de la pandémie du SIDA, croissance rapide dans les grands pays émergents, augmentation des rendements rizicoles au Mali par exemple…
Dans le contexte d’un monde multipolaire, plus différencié et plus complexe, la problématique du développement traverse chaque société confrontée à des défis devenus mondiaux : multiplication et enracinement des conflits, accélération des migrations, défi démographique, rôle des puissances émergentes, défi climatique, accès aux ressources… Défis qui appellent des réponses globales. L’Europe a un rôle important à y jouer en tirant parti de sa cohésion et en tirant les ambitions vers le haut.

Secouée par la crise des réfugiés, affaiblie par les restrictions financières, divisée entre ses états sur les réponses à apporter, avec l’expression de tendances protectionnistes ou isolationnistes, sollicitée pour intervenir dans des domaines où ses compétences sont faibles (action militaire, lutte anti terroristes…) ou incomplètes (migration, asile, gestion des frontières), l’Europe et ses dirigeants feront-ils face à ces défis avec le même esprit ouvert et solidaire que l’UE a montré depuis ses débuts ? Pourront-ils maintenir un engagement fort envers les régions les moins favorisées ?
La réponse à ces questions n’est pas à Bruxelles, mais bien dans chaque pays et région de l’UE, car l’Europe est à l’image de ses Etats-membres et de ses citoyens. Sur l’immigration comme sur la coopération internationale, les choix que l’Europe fera demain refléteront nécessairement l’état de l’opinion, mais aussi la mobilisation de la société civile.

La présentation de Jean-Claude Boidin a été suivie d’un riche débat autour de très nombreuses questions sur les impacts environnementaux du développement, la prise en compte des us, coutumes et valeurs des différentes sociétés, la raréfaction de l’eau et la désertification, l’exploitation des richesses énergétiques ou minières par les grandes sociétés, l’indépendance réelle des PED face aux interventions extérieures, l’absence d’Europe sociale, les sanctions à l’égard des pays de l’UE qui ne respectent pas les droits de l’homme (exemple des réfugiés)…

CENTRE DE LOISIRS DE COGOLIN : DE LA CENSURE DES DIFFERENCES AU REPLI IDENTITAIRE

Chacun se souvient de l’épisode qui s’était déroulé au printemps 2015 au cours duquel le Maire avait censuré un projet d’animation sur le thème des « différences » illustré par des zèbres et accompagné de cette belle déclaration: « Pour construire des amitiés solides, il ne suffit pas d’apprécier nos ressemblances, il faut aussi célébrer nos différences ». Cela nous avait inspiré la « fable du renard, du zèbre et du cochon » que vous pouvez retrouver en pièce jointe.

Moins d’un an après, le zèbre a bien été chassé de la ville, et le renard a repris le contrôle des animations du centre de loisirs en proposant aux enfants de découvrir les particularismes régionaux, notamment ceux de la Provence. Soyons clairs, nous aimons la Provence, son terroir, ses produits, sa cuisine, sa langue, ses traditions et son folklore… mais c’est une Provence ouverte aux autres, à l’Europe et au Monde, comme elle l’a toujours été, que nous préférons. Ce que nous dénonçons, c’est la récupération, l’instrumentalisation de ces thèmes régionaux, au service d’une idéologie du repli sur soi et du rejet de « l’autre différent ».

A la lecture de ce nouveau programme d’animations du centre de loisirs, annexé en pièce jointe, l’historien Christian Alexandre Faure, nous a adressé le billet qui suit sous le titre:

LE CONDITIONNEL DE L’HISTOIRE

À Léo

Je ne suis qu’un historien du Temps Présent et ne peux rien dire qui ne puisse être dit « d’Histoire » car on pourrait me reprocher de parler de choses qui ne me regardent pas.

Comme si je vous disais qu’une municipalité qui a censuré il y a un an, un projet d’animation d’un centre de loisirs sur le thème de la différence pourrait être suspectée de xénophobie.

Comme si je vous disais que cette même municipalité, en proposant aujourd’hui de: « Faire voyager les enfants à travers nos régions » et de remettre à l’honneur « La découverte des métiers des régions… », pourrait laisser supposer qu’elle inscrit sa légitimité historique, dans le mythe et l’imaginaire d’une France de souche dont l’authenticité serait la règle.

Comme si je vous disais qu’en proposant de renouer avec « la pratique de différents sports et loisirs des régions… », de redécouvrir « la confection des mets locaux… », d’initier des « olympiades traditionnelles… », cette même municipalité révélerait l’essence d’un régime qui, à travers sa jeunesse, envisage la France de Demain, la Vraie France, comme la Restauration d’une Terre qui ne mentirait pas et qui par nature, se revendiquerait du Passé et des Traditions.

Comme si je vous disais que cette même municipalité en usant des mots Traditions, Métiers, Provinces, pourrait évoquer une devise qui formerait les piliers du « futur Français».

Comme si je vous disais que prôner un retour aux « danses traditionnelles et fêtes en passant par la confection de costumes et accessoires… », que « créer un hymne… en intégrant du provençal » pourrait laisser penser que cette même municipalité proposerait de rompre avec un répertoire cosmopolite pour retourner à la « vraie » sève lyrique de la France, expression de son sol et de son peuple.

Comme si je vous disais, qu’à une époque où les éducateurs s’efforcent de faire découvrir aux jeunes générations la diversité du monde, de leur apprendre à côtoyer, sans discrimination, toutes les origines, et de leur faire tolérer les différences politiques, sociales et religieuses, se profilerait un relent d’exclusion tapi derrière les mots.

Comme si je vous disais que derrière de telles valeurs, ce serait le communautarisme le plus primaire qui serait suggéré.

Comme si je vous disais que derrière de telles propositions, ce serait, de façon insidieuse, vouloir imposer la conscience d’une communauté ethnique et par la même l’exclusion de ceux qui n’en font pas partie.

Comme si je vous disais qu’à travers un tel programme, ce serait une tentative d’éducation d’un public jeune, le plus malléable et le plus réceptif qui serait proposée.

Comme si je vous disais qu’avec un tel programme, prétendre apprendre « LE VIVRE ENSEMBLE » serait tout simplement une manipulation des mots et des idées, un repli sur soi-même, et un culte de l’entre soi, bref un horizon fermé à la découverte de l’autre.

Comme si je vous disais que ce programme de loisir qui s’accompagne parallèlement de l’interdit d’un spectacle de danses orientales, pourrait ouvrir la voie, par glissement successifs du jeu à l’idéologie, des loisirs à la politique, à un programme d’un parti dont nous tairons le nom pour ne pas lui faire de publicité.

Mais… je ne fais que reprendre les termes d’un programme éducatif proposé dans une commune du Var en 2016 pour les enfants de ladite commune pour occuper leur temps de loisir et leur permettre de conserver « de beaux souvenirs de vacances », car comme il l’est précisé dans la partie de ce programme touchant les plus jeunes : de trois à cinq ans, il ne s’agit que de « stimuler » leur imaginaire.

Je ne vous dis donc rien qui ne puisse être dit « d’Histoire » moi qui ne suis qu’un historien.

Christian-Alexandre Faure , le 19 mars 2016
Docteur en histoire, auteur de « Le Projet culturel de Vichy, Folklore et révolution nationale », Coédition Presses Universitaires de Lyon (P.U.L.) & Éditions du CNRS, 1989, 336 p.

Images et Pdf complémentaires :
– fable-bis-pdf.pdf
– ra-gionalisme-au-centre-de-loisirs-pdf.pdf

Pour Marc Etienne Lansade, Cogolin n’est plus en Europe

Chacun peut aujourd’hui observer que le drapeau de l’Union Européenne a totalement disparu des entrées de la ville, de ses bâtiments publics et de ses monuments. Seules les écoles y ont échappé en apposant sur leurs façades un minuscule panneau presqu’invisible sur lequel figurent les drapeaux français et européen, en vertu d’une loi de 2013. Pour le reste, le maire Front National l’a décidé, Cogolin ne fait plus partie de l’Europe.
L’aveuglement idéologique de cette mesure n’est rien à côté de sa stupidité économique. En effet, si les nombreux européens qui habitent Cogolin, à l’année ou à la saison, décidaient de partir, si les touristes de tous les pays d’Europe ne venaient plus la visiter, les retombées financières en seraient désastreuses non seulement pour la commune mais aussi pour les entreprises locales.
Ce qui est vrai pour Cogolin l’est également pour un pays qui se replierait à l’intérieur de ses frontières nationales.
Et pourtant, à l’insu du maitre des lieux communaux, un drapeau européen résiste et flotte fièrement sur son domaine public, plus précisément au-dessus de la plage des Marines de Cogolin. Il s’agit du « Pavillon Bleu d’Europe » récompensant les communes qui mènent une politique en faveur d’un environnement de qualité, entre autre pour ses eaux de baignade. Pas de chance, c’est bien le seul endroit où ce drapeau ne devrait pas se trouver, car cela fait de très nombreuses années que la commune de Cogolin n’a pas obtenu ce label. Le maire va nous répondre que le port de plaisance des Marines a bien obtenu cette reconnaissance. Certes, mais c’est la gestion de sa partie privée qui a été récompensée pour ses actions dans les domaines de l’éducation (lesquelles ?), des déchets, du milieu et du site. C’est donc dans le port privé que devrait flotter le pavillon bleu, et non sur la plage publique.
Au lieu de rejeter l’Europe comme il le fait, Marc Etienne Lansade ferait mieux de s’inscrire dans ses recommandations environnementales pour que non seulement le pavillon bleu, mais aussi le drapeau européen, flottent à nouveau sur l’ensemble de la commune.

Images et Pdf complémentaires :
– drapeaux-20plage-20des-20marines-1-jpg.jpg

Echos d’une rencontre interculturelle passionnante

Le nombreux public venu assister à la conférence-débat de Michel Sauquet (1) était en parfaite adéquation avec le thème de la soirée et représentatif de la diversité de la population de Cogolin et du golfe (2). Quels que soient leurs origines géographiques ou sociales, leurs convictions religieuses ou personnelles, leurs statuts professionnels… les participants se sont serrés pour pouvoir partager ce beau moment d’échanges qui a témoigné que des personnes d’origines culturelles différentes peuvent dialoguer et vivre ensemble sur un même territoire.
A travers un exposé très pédagogique nourri par ses nombreuses expériences, Michel Sauquet a clairement démontré que ce dialogue interculturel était non seulement un facteur d’harmonie de la vie sociale et professionnelle, mais aussi un moyen de produire une plus grande intelligence collective, comme en témoigne l’histoire des civilisations (Califat de Cordoue, Renaissance…).
Pourtant, et les crispations identitaires actuelles en témoignent, les chemins qui conduisent vers cette intelligence interculturelle, vers cette compréhension de l’autre dans sa différence, sont semés d’embûches. Elles ont pour noms l’ignorance et la méconnaissance qui génèrent malentendus, méfiances et peurs. Peur de l’autre différent, peur de perdre nos traditions, notre identité française… Michel Sauquet a utilement rappelé que cette identité française s’est construite et enrichie grâce aux apports d’artistes (Picasso, Aznavour…), de scientifiques (Curie, Charpak…), de sportifs (Zidane…), d’écrivains (Kundera..), de soldats et de travailleurs venus d’ailleurs. Et notre langue française que nous pratiquons aujourd’hui s’est dotée d’un très grand nombre de mots venus de l’étranger.
Dans un monde largement ouvert aux échanges, où les crises politiques, économiques et climatiques accélèrent les déplacements des populations, Michel Sauquet a décliné 7 conditions pour un mieux vivre ensemble : Passer de la peur au dialogue ; passer de la tolérance à la reconnaissance (prise en compte de l’altérité) ; respecter en fixant des limites à la provocation ; réhabiliter la notion de Fraternité ; faire confiance, notamment aux plus jeunes, en refusant le défaitisme ; ne pas perdre de vue l’esprit de la laïcité ; faire preuve de curiosité et d’humilité.
Complété par un grille d’analyse détaillée des représentations et des pratiques socio-culturelles, ses propos ont donné lieu à un débat passionnant avec l’assistance qui a apporté de nombreux témoignages réconfortants des associations locales et des personnes qui œuvrent au quotidien pour permettre le dialogue entre les personnes d’origines, de cultures et de religions différentes.

(1) Rencontre de Place Publique du 21 janvier 2016
(2) Ont notamment participé les responsables de la mosquée de Cogolin, le Curé de Cogolin, le Secours Catholique, l’association Familiale, Samia Arabi, et les représentants d’associations des autres communes du golfe.