Ah qu’il semblait fier, le maire FN de Cogolin, en bombant le torse devant la caméra qu’il avait invitée à venir filmer « en live » le dépeçage des caravanes des familles de Roms illégalement installées dans un champ de la commune ! (1) Dans une pseudo interview dont il avait préparé les questions et les réponses, il a fanfaronné sur son efficacité par rapport au maire républicain d’une commune voisine, il a fustigé les lois qui sont contre lui, il a accusé l’Europe d’être responsable de tous nos maux, il a invité chacun à sécuriser sa propriété avec l’aide de la mairie… Comme il semblait éprouver du plaisir à déambuler sur les débris des habitations éventrées en même temps que sur ses thèmes de prédilection !
Seule ombre au tableau du matamore, il a été incommodé par les « odeurs », comme il l’a déploré en grimaçant. Or, pour nous être rendus sur le site le même jour que lui, nous n’avons senti aucune odeur particulière hormis celle des objets brûlés. Ce n’est pas par le nez que ces prétendues odeurs lui sont montées au cerveau, mais en s’inspirant très fort de cette remarque sur la présence « urticante et odorante » pour laquelle son auteur, illustre membre du FN, vient d’être condamné ce 6 avril dernier par le Tribunal Correctionnel de Nice.
UNE MISE EN SCÈNE PITOYABLE, POLITICIENNE ET INHUMAINE
La « mise en pièce » théâtrale de la démonstration de force du maire de Cogolin est consternante. Chacun aura compris que son unique but est d’essayer d’en tirer des bénéfices politiques, à un moment où il commence à être contesté, à l’intérieur même de son équipe et où se multiplient les exclusions et démissions forcées.
Dans son discours méprisant et de pure propagande, il n’a donné aucune information ni sur la décision de justice, ni sur les conditions réelles de l’évacuation. Nous voyons les conséquences de la force mais nous ne savons absolument rien sur les règles de droit.
A aucun moment il n’a dit mot sur le sort de ces hommes, ces femmes et ces enfants qui vivaient là, dans des conditions précaires. Nous ne savons rien de ce qui leur est advenu. A Cogolin, silence, on expulse, on évacue, on démolit……Circulez, il n’y a rien à voir autre qu’un élu local affichant sa satisfaction sur un champ de ruines. Quel courage !
Aux yeux de M Lansade, ces gens-là ne seraient-ils pas des humains comme lui et comme nous, qui méritent d’être traités avec humanité et dans le respect des règles de droit ? Une seule chose est certaine pour lui, ce sont des voleurs. Il l’a dit et répété se référant sans doute là encore à son maître à penser FN qui avait dit en 2012 devant des militants en parlant des Roms « Nous, nous sommes les oiseaux, nous volons naturellement. », ce qui lui avait déjà valu condamnation. Quelles preuves M Lansade avait-il de la présence d’objets volés dans le camp des Roms hormis le fait qu’étant chez des Roms ils étaient naturellement volés ? Comment appelle-t-on une accusation sans preuve à l’encontre de quelqu’un à raison de la seule appartenance à un groupe ?
AUSSI FROID, MÉTALLIQUE ET DESTRUCTEUR QU’UN BULLDOZER
Même si les conditions de vie indignes de ces familles Roms ne pouvaient perdurer, qu’a fait M Lansade pour anticiper et accompagner cette opération d’évacuation dans le sens notamment que prévoit la circulaire interministérielle du 26 août 2012 à l’adresse des services de l’Etat et appelant les responsables des collectivités territoriales dont les maires à y concourir? Rien ! Il n’en dit rien et n’a rien fait. Depuis le mois de mai 2015, date d’installation de ce camp, il n’a rien fait ni pour anticiper ni pour accompagner. Ses propos sur un champ de dévastation résonnent aussi froids et métalliques que le bruit des bulldozers anéantissant les caravanes autour de lui. Pas la moindre once d’humanité ! Pas la moindre once d’efficacité administrative !
Loin de ces méthodes d’un autre âge par lesquelles les problèmes ne se résolvent que par la force et la destruction, loin de ce triste spectacle d’un élu local se pavanant devant des caravanes éventrées, nous affirmons que rien de ce qui est humain ne peut être étranger à des citoyens soucieux de l’image de leur ville.
Le collectif de citoyens Place Publique
P.S. Voir en pièce jointe les communiqués de la Ligue des Droits de l’Homme, du Maire de Grimaud et de Place Publique publiés sur le quotidien régional Var Matin
Notes de Lecture :
– (1) http://youtu.be/WVvFaGY-4yA
Images et Pdf complémentaires :
– communiqua-s-sur-varmatin-pdf.pdf