Retour sur les cérémonies du 15 aout à Cogolin
Décidément Marc Etienne Lansade se plait à jouer avec l’histoire en l’accommodant à la sauce qui convient à son parti, le Front National.
Il a envoyé un premier ballon d’essai en voulant donner à un parking Cogolinois le nom de Maurice Barrès, inspirateur de l’idéologie d’extrême droite qui n’a pas le moindre lien avec l’histoire de la cité du coq. Face au mécontentement grandissant et à la pétition lancée par le collectif de citoyens « Place Publique », le maire s’est dégonflé aussi vite que son ballon d’essai. Pour ne pas perdre la face, il a affirmé qu’il donnerait le nom de son écrivain favori à un futur parking de Cogolin, au motif qu’il a passé toute son enfance à deux pas de la rue Maurice Barrès à Neuilly. On a du mal à croire à cet argument, qui voudrait dire qu’un maire peut écrire l’histoire d’une ville au gré de ses caprices d’enfant. En vérité, il s’agit d’un faux nez qui a du mal à dissimuler un manque de courage politique, celui d’assumer ouvertement un choix purement idéologique.
Le deuxième temps de cette manipulation de l’histoire s’est déroulé le 15 août 2014, jour de la commémoration du 70ième anniversaire du débarquement en Provence. Après des hommages justifiés au général américain Patch et au général français De Lattre de Tassigny, le discours du maire frontiste a soudainement dévié dans un rapprochement hasardeux entre le débarquement et « la fête chrétienne de l’Assomption ». Dans une digression totalement ahurissante, il s’est permis d’affirmer que le choix de la date du débarquement était lié au fait que « trois siècles auparavant en 1638, le roi Louis XIII consacrait la France à la Vierge Marie en remerciement pour l’enfant que la reine Anne d’Autriche lui donna après 23 ans d’attente ».
Le public présent a appris comme une révélation et un scoop de l’histoire que le roi Louis XIII a joué un rôle décisif dans l’organisation et la réussite du débarquement en Provence. Tout cela est grotesque et prêterait à rire si ce n’était pas le révélateur d’une intention délibérée de la pensée du Front National : réduire l’armée qui a débarqué en Provence à sa seule composante chrétienne, en effaçant complétement de la mémoire les combattants venus de tous les pays d’Afrique dans une grande diversité de couleurs et de croyances, pour libérer la France du joug du nazisme. Au moment de débarquer, il est probable que les chrétiens ont adressé leurs prières au Christ et à la Vierge Marie. Mais c’est tout aussi naturellement que les autres croyants se sont tournés vers le ciel et les personnages emblématiques de leurs religions et croyances respectives.
Ce n’est pas non plus un hasard si le maire n’a jamais prononcé le nom de « l’armée d’Afrique » dans son discours invraisemblable.
Cette manière que le maire de Cogolin a de réécrire l’histoire pour l’adapter à l’idéologie de son parti est indigne. Ses mensonges par omission constituent une véritable insulte à la mémoire. Car la toute première exigence d’un « devoir de mémoire » est la rigueur. Elle passe par le respect des faits, de leur déroulement et de l’ensemble des acteurs qui y ont participé, sans n’en oublier aucun.
Non monsieur Lansade, l’histoire n’est pas un jouet que vous pouvez transformer au gré de vos caprices d’enfants ou des orientations idéologiques de votre parti. Ceux qui sont les garants de cette mémoire historique seront toujours là pour vous le rappeler.
Notes de Lecture :
– Le discours du maire : http://goo.gl/SeooSa