Jeudi dernier, François Joliclercq a su faire partager sa passion de la forêt au public venu assister à sa présentation consacrée à l’avenir de la filière bois énergie. Avec une grande clarté et beaucoup de pédagogie, il a fait participer l’auditoire à la découverte de ce milieu essentiel à notre vie dans tous les domaines. Celui de l’environnement, avec l’exceptionnelle biodiversité qu’elle abrite, son rôle déterminant sur le climat et la qualité de l’air, la protection des sols qu’elle assure, la qualité de l’eau qu’elle préserve… Par la qualité de ses paysages, elle offre un espace de loisirs exceptionnel pour les randonnées, la chasse et de nombreuses autres activités de nature… qui lui confèrent un rôle social et sociétal très important. Elle représente enfin un potentiel économique intéressant à travers la production du bois et de ses dérivés, mais aussi dans le domaine touristique, car que serait la corniche des Maures sans sa forêt ?
Avec beaucoup d’application, l’exposé a clairement démontré que ces multiples fonctions étaient indissociables : la qualité environnementale influe sur les activités de loisirs qui ont elles-mêmes un impact sur l’économie. En examinant de plus près la situation de la forêt des Maures, l’abandon des activités économiques a entrainé un abandon de son entretien, avec pour conséquences une dégradation de son état sanitaire et une grande vulnérabilité aux incendies. Des évolutions pouvant compromettre à terme les fonctions environnementales et sociales de la forêt.
Dans ce contexte, sachant que l’on ne prélève actuellement que 25% de l’accroissement biologique des milieux forestiers, un débat animé s’est engagé pour savoir si la filière « bois-énergie » pouvait relancer les activités économiques et venir conforter les autres vocations de la forêt. Les importants projets de centrales à biomasse de Gardanne et de Brignoles ont soulevé de nombreuses questions : une production électrique de faible rendement pour d’énormes consommations de bois (1 million de tonnes par an dont la moitié issue de l’importation), le risque de surexploitation des zones forestières les plus facilement accessibles…
Dans les Maures, la piste qui a été empruntée avec sagesse est celle d’une filière capable de mobiliser une ressource locale pour approvisionner un marché de proximité. C’est ainsi que dans le golfe de Saint-Tropez le SIVOM forestier a créé une plate-forme qui collecte 15 000 tonnes de déchets verts et vend 7 000 tonnes de compost par an. Elle produit également 1 000 tonnes de plaquettes qui alimentent les chaudières mises en place dans la région proche et 500 tonnes de paillage de chêne liège. Une association « Maures Bois énergie » regroupant les différents acteurs de la filière a été créée pour favoriser son développement. Ainsi dans le périmètre élargi des Maures une dizaine de nouvelles chaufferies sont en projet avec un objectif d’utilisation de 3 700 tonnes de plaquettes.
Après avoir pu observer et toucher des échantillons des différents types de plaquettes issues du broyage et du criblage des bois des Maures, les participants se sont fait une opinion plus précise des conditions de développement de la filière bois-énergie dans les Maures. Notamment la nécessité de s’assurer que ce développement ne se fera pas au détriment des fonctions environnementales et sociales de la forêt. Et si la charte forestière constitue l’organe de concertation adapté pour y veiller, il restera à créer l’outil de gestion capable d’assurer la mise en œuvre d’une véritable politique de développement durable de la forêt des Maures : un parc naturel, une société d’économie mixte,… ? L’avenir le dira.
N.B.Pour toutes celles et tous ceux qui n’ont pas pu assister à cette rencontre, les documents qui y ont été présentés sont joints en annexe.
Images et Pdf complémentaires :
– bois-a-nergie-1-pdf.pdf
– bois-energie-2-pdf.pdf