En surface, les millions coulent à flot pour en mettre plein la vue au lecteur non averti : achat d’un luxueux appartement avec piscine pour le transformer en yacht-club, concours d’architecture, refonte de la capitainerie avec sa « Tour Signal » lumineuse…
Par contre, le papier glacé de la revue municipale reste étrangement silencieux sur les travaux d’infrastructure (quais, pontons…) tout comme sur le
coût de la dépollution du port. Il est vrai que pour accélérer la fin de la concession, le maire avait conclu avec le gestionnaire sortant (1) un protocole d’accord totalement défavorable aux intérêts de la commune : abandon d’un audit approfondi qui aurait pu mettre à la charge de la SAPP d’importants travaux de remise en état des installations portuaires, substitution de la commune à la SAPP dans les litiges qui l’opposent à un chantier naval à propos de la pollution du port, versement de l’indemnité de résiliation anticipée d’un million d’euros qui aurait pu être économisée en attendant sagement la fin de la concession !
A tous ces millions perdus par la commune, on aurait pu rajouter les 2 millions du surcoût du marché de commercialisation des places de port attribué à la société la moins compétente et la plus chère. Heureusement le Tribunal Administratif a stoppé l’hémorragie en résiliant ce marché peu convenable.
Régie fantôme et indemnité réelle
Cela n’a pas ébranlé les 3 administrateurs de la régie, le maire et deux de ses adjoints, qui brassent à eux-seuls des dizaines de millions sans rendre le moindre compte au conseil municipal. Lors d’un conseil d’administration qui est censé s’être tenu le 26 novembre 2018, ils ont décidé d’allouer une indemnité d’un million d’euros à la société privée de son marché.
Pourtant de nombreuses bizarreries entourent les conditions de tenue de cette réunion.
La première concerne son lieu. Les délibérations adoptées ce jour-là mentionnent qu’elle s’est déroulée à l’hôtel de ville de Cogolin, siège de la régie. Ce que le maire a contredit en répondant à la question d’un élu d’opposition qu’elle avait eu lieu ailleurs sans apporter d’autre de précision.
La deuxième, c’est la durée de la réunion qui, selon son compte rendu officiel, s’est ouverte à 14H30 et clôturée à 15H00. Une demi-heure pour traiter cinq questions inscrites à l’ordre du jour, dont l’indemnité d’un million, cela parait un peu court !
Il y a enfin la question des présences à cette réunion. M. Félix, absent, a donné sa procuration à M. Lansade. Or, c’est la presse locale qui l’affirme, le même jour à la même heure, M. Lansade se trouvait à 500 kilomètres de Cogolin, en vacances dans le Morvan.
Compte tenu de la propension du maire à raconter des sornettes nous avons plutôt tendance à croire la presse.
Questions subsidiaires
Dans les eaux troubles de la gestion du port, d’autres questions restent en suspens :
Les travaux du Yacht-club et sa passerelle extérieure sont-ils compatibles avec le label d’architecture contemporaine remarquable qui protège les Marines depuis juin 2018 ?
Ces travaux peuvent-ils être financés par des garanties d’usage alors que le Code des transports stipule que celles-ci ne peuvent être perçues « qu’en contrepartie d’une participation au financement d’ouvrages portuaires nouveaux constituant une dépendance du domaine public de l’Etat » ?
Cela expliquerait-il le fait que la régie envisage d’emprunter 30 millions d’euros sur 3 ans ?
Monsieur Lansade sera-t-il encore là quand les réponses à ces questions remonteront à la surface ?
(1) La Société Anonyme du Port Public des Marines de Cogolin (SAPP)